La poésie du mercredi (#66)

Pour cette soixante-sixième Poésie du mercredi – le nombre du Diâââbleuh -, je vous propose quelque chose d’assez spécial. (Et, oui, il y a un rapport avec le Diâââbleuh. Vous allez voir.)
Donc, un extrait… de roman. Scandale et révolution : ON EST CENSÉ PARLER DE POÉSIE ICI, SAPRELOTTE. Ça commence comme ça, et puis après on ne sait pas où ça va s’arrêter. Hein ?
Mais bon. Reposez-moi donc ce couteau (c’est pas recommandé sur les écrans en règle générale) et laissez-moi expliquer le pourquoi du comment.
La poésie d’aujourd’hui est donc un extrait de roman, plus précisément du
Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, paru en 1933. Il s’agit d’un passage lui-même tiré d’un passage plus long, assez célèbre, et qui consiste en une vision hallucinée du narrateur, Bardamu : il décrit en effet la sortie des morts de leur cimetière, et leur danse (ou invasion ?) nocturne au-dessus de la ville. (Vous voyez le lien avec le Diâââbleuh ?) Ce passage en lui-même – aux alentours de la page 368 en Folio – tient, en tout cas selon moi, plus du poème en prose (et plus particulièrement de l’épopée antique ou de la prophétie biblique) que du roman “classique”.
Voici donc un extrait du
Voyage au bout de la nuit de Céline :

Une abominable débâcle, il en arrive tournoyants des fantômes des quatre coins, tous les revenants de toutes les épopées… Ils se poursuivent, ils se défient et se chargent siècles contre siècles. Le Nord demeure alourdi longtemps par leur abominable mêlée. L’horizon se dégage en bleuâtre et le jour enfin monte par un grand trou qu’ils ont fait en crevant la nuit pour s’enfuir.
Après ça pour les retrouver, ça devient tout à fait difficile. Il faut savoir sortir du Temps.
C’est du côté de l’Angleterre qu’on les retrouve quand on y arrive, mais le brouillard est de ce côté-là tout le temps si dense, si compact que c’est comme des vraies voiles qui montent les unes devant les autres, depuis la Terre jusqu’au plus haut du ciel et pour toujours. Avec l’habitude et de l’attention on peut arriver à les retrouver quand même, mais jamais pendant bien longtemps à cause du vent qui rapproche toujours des nouvelles rafales et des buées du large.
La grande femme qui est là, qui garde l’Île c’est la dernière. Sa tête est bien plus haute encore que les buées les plus hautes. Il n’existe plus qu’elle de vivante un peu dans l’Île. Ses cheveux rouges au-dessus de tout, dorent encore un peu les nuages, c’est tout ce qui reste du soleil.
Elle essaye de se faire du thé qu’on explique.
Il faut bien qu’elle essaye puisqu’elle est là pour l’éternité. Elle n’en finira jamais de le faire bouillir son thé à cause du brouillard qui est devenu bien trop dense et bien trop pénétrant. De la coque d’un bateau qu’elle se sert pour théière, le plus beau, le plus grand des bateaux, le dernier qu’elle a pu trouver dans Southampton, elle s’en fait chauffer du thé, par vagues et encore des vagues… Elle remue… Elle tourne le tout avec une rame qui est énorme… Ça l’occupe.
Elle regarde rien d’autre, sérieuse pour toujours qu’elle est et penchée.
La ronde est passée tout à fait au-dessus d’elle mais elle a même pas bougé, elle a l’habitude qu’ils viennent tous les fantômes du continent se perdre par ici… C’est fini.
Elle tripote, ça lui suffit, le feu qu’est sous la cendre, entre deux forêts mortes, avec ses doigts.
Elle essaye de l’animer, tout est à elle à présent, mais son thé il ne bouillira plus jamais.
Il n’y a plus de vie pour les flammes.
Plus de vie au monde pour personne qu’un petit peu pour elle encore et tout est presque fini…

Instant-Né : Portrait

Elle danse
Dans le salon d’acajou de bois peint
La cheminée se fait fausse
Dans le miroir au cadre doré
Elle danse

La statue de bronze femme drapée
S’est dévêtue désormais terre cuite

Elle danse

C’est qu’elle est trop peu empoisonnée
Pour ne pas être la Grâce

De mouvements secs

***

Elle traverse le miroir
Le soir est parti
Dans ses hanches ses bras
Elle traverse le miroir
N’a jamais que le rythme

Pour la traversée

Elle danse
Où sommes-nous
Elle a sans doute une heure
Traversé l’espace

***

J’ai disparu
Encore

Ce que disait l’arme

Tout d’abord il y aura une vibration dans les oreilles
qui se déguise en sifflement

La poussière s’agglutine lentement sur les mains
sur la bouche
sur les cils qu’elle estompe

Au premier coup de marteau la tête vacille
un cri retenu
l’os se tend objet lourd et ancien
Au second coup le dernier une crevasse se crée
découvre une pulpe liquide

Le crâne est dur il s’effondre et le plancher se fissure
il va tomber
le buffet le lit l’armoire frémissent
la lampe orange appelle à l’aide

voix sans écho voix de lumière
voix sans écoute qui s’en soucie
voix de malheurs ou voix d’angoisse
voix d’insomnie au soir levant

avec un roulement sourd le crâne
parcourt l’espace de la chambre
qui n’offre aucun soutien
et ne console que
si se tait la lampe

Le marteau a disparu

deux ongles fouillent et déploient le cerveau

deux plaques de céramique bouillantes
le lissent dans ses moindres détails

odeur de tripes spiritualisantes

le cerveau prend une longueur qu’on n’aurait jamais crue
comprimée dans sa boîte
d’os en miettes

et les plaques expriment des alcools doux
à l’odeur de framboises et de mûres

à présent ils partent le long du quai
le long du port le long des algues
à présent ils partent sans dire à mai
qu’il a pourri en s’oubliant

et le marteau rêveur
erre sans bruit le long du champ
il cherche son enfance

il l’avait trouvée mais pas reconnue
alors il attend encore loin du cerveau déplié

la lune brille
sa lumière se reflète dans le parquet

la lune brille
et fait soupirer les galets

*

loin devant, nageant à l’horizontale au-dessus du sable et des poissons morts, poissons-cavernes poissons-lanternes poissons-perçants des grands fonds, le cerveau claque comme un drapeau
surface lisse étirée aux bords déchiquetés

alors soudain
il n’y a plus de mémoire

Que le sable nous regarde.

Alcyon

Au menu d’aujourd’hui : du dessin et un poème !
Le dessin est celui d’une jeune dessinatrice (très) talentueuse, qui se fait appeler Ram. Allez donc voir sa page Facebook !
J’aime beaucoup son style mais un dessin en particulier m’a frappée. Je lui ai demandé si je pouvais écrire dessus, elle m’y a autorisée, donc voilà le résultat !

image

ALCYON

Lorsque les ongles auront disparu
Que les grillages seront lancés
Vers les grottes de craie trompeuses

Lorsque tu marcheras dans les rues
En regardant les pavés se noyer

Tu diras
Que ce n’est qu’un début
Et les airs et les arbres
Ne seront plus que le sang dilué
Des enfants dont on fait les manteaux de fourrure

Et tu iras tout droit
Sur la route blanche et bleue
Désert aux éclats d’oiseaux coupants
Qui fend les pieds de ceux qui le voient
Et tu iras tout droit
Et tout droit encore
Jusqu’à la silhouette haute et immobile
Comme un chien immolé par le feu qui court en ricanant
Comme un pendu aux lèvres grouillantes de bonheur

Et ce sera comme une apparition

Celle qui s’interroge te tournera le dos
Et tu suivras ses mots
Qui voltigent mouches irisées à ses côtés
Ses mains potelées
Ses yeux trop vides
Son crâne d’oiseau

Et tu suivras ses mots

Vous irez seules vers la colline.

Les paupières brûlées

Les trois danseuses immobiles
Feu éteint orangé
S’étreignent songeant
Aux nuits d’ici
Aux nuits d’ailleurs

Un long rayon laiteux perce le sol, les herbes multiples, trace sa trajectoire volontaire

Sa lumière calme berce la frontière.

Il s’exclame sans bruit que le rêve est inscrit dans les pissenlits des aires

D’autoroutes, qu’il peut s’élever.

La nuit est claire. Un jour assombri. Précieux éveil, extatique. On ose les étoiles.
Et l’on doit choisir pour son regard l’ondulation étrange des éoliennes amoureuses ou la lucidité rêveuse d’un rayon dont la source reste inconnue
– Et c’est tant mieux.

La poésie du mercredi (#11)

Vous avez été plusieurs à témoigner la semaine dernière sur les poèmes – et les poètes – que vous aimez particulièrement (vous pouvez d’ailleurs continuer à nous faire partager vos découvertes!). Au passage, j’en profite pour faire de la pub à Jerfau, Vincent, L’Ornithorynque, SuperYannig et Moonath qui nous ont transmis leurs affinités poétiques  !

 

Aujourd’hui, sur les conseils de Jerfau, je me suis penchée sur Apollinaire et j’ai trouvé un poème magnifique, « La Maison des morts », extrait d’Alcools (1913). Le voici :

***

 

S’étendant sur les côtés du cimetière
La maison des morts l’encadrait comme un cloître
A l’intérieur de ses vitrines
Pareilles à celles des boutiques de modes
Au lieu de sourire debout
Les mannequins grimaçaient pour l’éternité

Arrivé à Munich depuis quinze ou vingt jours
J’étais entré pour la première fois et par hasard
Dans ce cimetière presque désert
Et je claquais des dents
Devant toute cette bourgeoisie
Exposée et vêtue le mieux possible
En attendant la sépulture

Soudain
Rapide comme ma mémoire
Les yeux se rallumèrent
De cellule vitrée en cellule vitrée
Le ciel se peupla d’une apocalypse
Vivace

Et la terra plate à l’infini
Comme avant Galilée
Se couvrit de mille mythologies immobiles
Un ange en diamant brisa toutes les vitrines
Et les morts m’accostèrent
Avec des mines de l’autre monde

Mais leur visage et leurs attitudes
Devinrent bientôt moins funbèbres
Le ciel et la terre perdirent
Leur aspect fantasmagorique

Les morts se réjouissaient
De voir leurs corps trépassés entre eux et la lumière
Ils riaient de voir leur ombre et l’observaient
Comme si véritablement
C’eût été leur vie passée

Alors je les dénombrai
Ils étaient quarante-neuf hommes
Femmes et enfants
Qui embellissaient à vue d’oeil
Et me regardaient maintenant
Avec tant de cordialité
Tant de tendresse même
Que les prenant en amitié

Tout à coup
Je les invitai à une promenade Loin des arcades de leur maison

Et tous bras dessus bras dessous
Fredonnant des airs militaires
Oui tous vos péchés sont absous
Nous quittâmes le cimetière

Nous traversâmes la ville
Et rencontrions souvent
Des parents des amis qui se joignaient
A la petite troupe des morts récents
Tous étaient si gais
Si charmants si bien portants
Que bien malin qui aurait pu
Distinguer les morts des vivants

Puis dans la campagne
On s’éparpilla
Deux chevau-légers nous joignirent
On leur fit fête
Ils coupèrent du bois de viorne
Et de sureau
Dont ils firent des sifflets
Qu’ils distribuèrent aux enfants

Plus tard dans un bal champètre
Les couples mains sur les épaules
Dansèrent au son aigre des cithares

Ils n’avaient pas oublié la danse
Ces morts et ces mortes
On buvait aussi
Et de temps à autre une cloche
Annonçait qu’un autre tonneau
Allait être mis en perce
Une morte assise sur un banc
Près d’un buisson d’épine-vinette
Laissait un étudiant
Agenouillé à ses pieds
Lui parler de fiançailles

Je vous attendrai
Dix ans vingt ans s’il le faut
Votre volonté sera la mienne

Je vous attendrai
Toute votre vie
Répondait la morte

Des enfants
De ce monde ou bien de l’autre
Chantaient de ces rondes
Aux paroles absurdes et lyriques
Qui sans doute sont les restes
Des plus anciens monuments poétiques
De l’humanité

L’étudiant passa une bague
A l’annulaire de la jeune morte
Voici le gage de mon amour
De nos fiançailles
Ni le temps ni l’absence
Ne nous feront oublier nos promesses

Et un jour nous auront une belle noce
Des touffes de myrte
A nos vêtements et dans vos cheveux
Un beau sermon à l’église
De longs discours après le banquet
Et de la musique
De la musique

Nos enfants
Dit la fiancée
Seront plus beaux plus beaux encore
Hélas! la bague était brisée
Que s’ils étaient d’argent ou d’or
D’émeraude ou de diamant
Seront plus clairs plus clairs encore
Que les astres du firmament
Que la lumière de l’aurore
Que vos regards mon fiancé
Auront meilleure odeur encore
Hélas! la bague était brisée
Que le lilas qui vient d’éclore
Que le thym la rose ou qu’un brin
De lavande ou de romarin

Les musiciens s’en étant allés
Nous continuâmes la promenade

Au bord d’un lac
On s’amusa à faire des ricochets
Avec des cailloux plats
Sur l’eau qui dansait à peine

Des barques étaient amarrées
Dans un havre
On les détacha
Après que toute la troupe se fut embarquée
Et quelques morts ramaient
Avec autant de vigueur que les vivants

A l’avant du bateau que je gouvernais
Un mort parlait avec une jeune femme
Vêtue d’une robe jaune
D’un corsage noir
Avec des rubans bleus et d’un chapeau gris
Orné d’une seule petite plume défrisée

Je vous aime
Disait-il
Comme le pigeon aime la colombe
Comme l’insecte nocturne
Aime la lumière

Trop tard
Répondait la vivante
Repoussez repoussez cet amour défendu
Je suis mariée
Voyez l’anneau qui brille
Mes mains tremblent
Je pleure et je voudrais mourir

Les barques étaient arrivées
A un endroit où les chevau-légers
Savaient qu’un écho répondait de la rive
On ne se lassait point de l’interroger
Il y eut des questions si extravagantes
Et des réponses tellement pleines d’à-propos
Que c’était à mourir de rire
Et le mort disait à la vivante

Nous serions si heureux ensemble
Sur nous l’eau se refermera
Mais vous pleurez et vos mains tremblent
Aucun de nous ne reviendra

On reprit terre et ce fut le retour
Les amoureux s’entr’aimaient
Et par couples aux belles bouches
Marchaient à distances inégales
Les morts avaient choisi les vivantes
Et les vivants
Des mortes
Un genévrier parfois
Faisait l’effet d’un fantôme

Les enfants déchiraient l’air
En soufflant les joues creuses
Dans leurs sifflets de viorne
Ou de sureau
Tandis que les militaires
Chantaient des tyroliennes
En se répondant comme on le fait
Dans la montagne

Dans la ville
Notre troupe diminua peu à peu
On se disait
Au revoir
A demain
A bientôt
Bientôt entraient dans les brasseries
Quelques-uns nous quittèrent
Devant une boucherie canine
Pour y acheter leur repas du soir

Bientôt je restai seul avec ces morts
Qui s’en allaient tout droit
Au cimetière

Sous les Arcades
Je les reconnus
Couchés
Immobiles
Et bien vêtus
Attendant la sépulture derrière les vitrines

Ils ne se doutaient pas
De ce qui s’était passé
Mais les vivants en gardaient le souvenir
C’était un bonheur inespéré
Et si certain
Qu’ils ne craignaient point de le perdre

Ils vivaient si noblement
Que ceux qui la veille encore
Les regardaient comme leurs égaux
Ou même quelque chose de moins
Admiraient maintenant
Leur puissance leur richesse et leur génie
Car y a-t-il rien qui vous élève
Comme d’avoir aimé un mort ou une morte
On devient si pur qu’on en arrive
Dans les glaciers de la mémoire
A se confondre avec le souvenir
On est fortifié pour la vie
Et l’on n’a plus besoin de personne

 

Les Mémoires d’Électre

Mes yeux sont sans couleur

Mes cheveux sans odeur

J’ai attendu dans la haine

J’ai patienté dans la peur

Masquant mon nez mes lèvres

Ridés dès douze ans

C’est ma laideur qui

M’a protégée

Tremblants ils

Baissaient les yeux en me voyant

Leurs beaux yeux noirs verts bleus

M’appelaient Princesse

Les genoux cloués au

Sol verni de marbre

Ils n’ont pas vu mes yeux

Recelant toute la

Misère d’Argos

Ils pensaient je le voyais

Qu’une princesse ce n’est pas ça

Horrible dans ses beaux

Habits

Pourquoi est-elle ainsi

Quand sa mère est si belle

Si beau notre Roi ?

Ah patiente

Attendant le sauveur

Mon frère justicier au

Bras duquel je

Pourrais me reposer !

N’étais plus exaspérée

Sachant qu’il arrivait

Mon frère

Unique soutien

Ne cherchais pas  à

Agir

Avant qu’il n’arrive

Mon frère

Au bras lourd

Et puis ce jour

Je l’ai vu

Je le vis

Comme sorti

Des contes et

J’ai tremblé

Moi aussi

De volupté ai-je cru

Ai-je songé

Mais je

Le voyais

Autrement

Qu’il n’est

Et ce regard fou

Ces muscles suants sont

Ceux d’un Égisthe

Plus jeune

Cruel

Qu’attendais-je un homme

Fut-il mon frère

Pour me venger ?

J’ai plus

De courage

Du sang

D’horizon

Fait pour tuer

Ne veut pas enfanter

Un poignard

Et j’ai tué mon frère

Mon rêve assassiné

Et puis j’ai

Saigné ma mère

Une corde qui

Serrée sur son cou blanc

A chanté

Et j’ai saigné ma mère

Splendide sous sa soie

Et j’ai

Brisé mon Père

Entre mes deux phalanges

Sans procès ni parole

Ainsi depuis ce jour

Je marche sans yeux

Me meut sans cheveux

Sur la route qui

Ne mène qu’à nous

Et les hommes disent

Que j’ai tué mon père

Que j’ai aimé ma mère

Et mon sexe derrière moi

Infecté lacéré par les

Pierres

Murmure sans cesse

Que j’ai tué mon père

Que j’ai aimé ma mère

La poésie du mercredi (#8)

Un peu d’anglais, aujourd’hui, ça vous dit ? Bon, on va dire que oui.

Donc un poème de Jim Morrison, mis en musique, “The Soft Parade”.

(Le texte est déjà très intéressant en lui-même mais c’est encore mieux avec la musique !)

The Soft Parade

“When I was back there in seminary school,
There was a person there
Who put forth the proposition,
That you can petition the Lord with prayer
Petition the lord with prayer,
Petition the lord with prayer
You cannot petition the lord with prayer!
Can you give me sanctuary, I must find a place to hide,
A place for me to hide
Can you find me soft asylum, I can’t make it anymore,
The Man is at the door
Peppermint, miniskirts, chocolate candy,
Champion sax and a girl named Sandy
There’s only four ways to get unraveled,
One is to sleep and the other is travel, da da
One is a bandit up in the hills,
One is to love your neighbor ’till
His wife gets home
Catacombs,
Nursery bones,
Winter women,
Growing stones
Carrying babies,
To the river
Streets and shoes,
Avenues,
Leather riders
Selling news,
The monk bought lunch
Ha ha, he bought a little,
Yes, he did,
Woo!
This is the best part of the trip,
This is the trip, the best part
I really like,
What’d he say?,
Yeah!,
Yeah, right!
Pretty good, huh,
Huh!,
Yeah, I’m proud to be a part of this number
Successful hills are here to stay,
Everything must be this way
Gentle streets where people play,
Welcome to the Soft Parade
All our lives we sweat and save,
Building for a shallow grave
Must be something else we say,
Somehow to defend this place
Everything must be this way,
Everything must be this way, yeah
The Soft Parade has now begun,
Listen to the engines hum
People out to have some fun,
A cobra on my left
Leopard on my right, yeah
The deer woman in a silk dress,
Girls with beads around their necks
Kiss the hunter of the green vest,
Who has wrestled before
With lions in the night
Out of sight!,
The lights are getting brighter
The radio is moaning,
Calling to the dogs
There are still a few animals,
Left out in the yard
But it’s getting harder,
To describe sailors,
To the underfed
Tropic corridor,
Tropic treasure
What got us this far,
To this mild equator?
We need someone or something new
Something else to get us through, yeah, c’mon
Callin’ on the dogs,
Callin’ on the dogs
Oh, it’s gettin’ harder,
Callin’ on the dogs
Callin’ in the dogs,
Callin’ all the dogs,
Callin’ on the gods
You gotta meet me,
Too late, baby
Slay a few animals,
At the crossroads,
Too late
All in the yard,
But it’s gettin’ harder,
By the crossroads
You gotta meet me,
Oh, we’re goin’, we’re goin great
At the edge of town,
Tropic corridor,
Tropic treasure
Havin’ a good time,
Got to come along,
What got us this far
To this mild equator?,
Outskirts of the city,
You and I
We need someone new,
Somethin’ new,
Somethin’ else to get us through
Better bring your gun,
Better bring your gun
Tropic corridor,
Tropic treasure,
We’re gonna ride and have some fun
When all else fails,
We can whip the horse’s eyes
And make them sleep,
And cry…”

Morzine/Commencement

Mon dernier poème ayant été officiellement validé par un comité de lecture spécialisé (coucou Sam !), qui estime que “ça devient de mieux en mieux”, je le poste ici…

 

J’avais quitté la lumière et le bruit

J’avais laissé le jeune homme danser

Et le vieil homme à ses côtés

Les ampoules m’asphyxiaient.

J’ai senti mes pieds vaciller

Silence, froid ! la pluie…

J’ai remonté le raidillon

C’était un août sans grillon

Et devant moi se dressait

Un talus qui se taisait.

La nuit se mirait

La nuit s’était moirée

La nuit n’est jamais noire

Le talus laiteux en est nimbé

Celui qui se taisait

Au-dessous un tournant

Celui qui va espérant

Ce qui lui est interdit

Avait posté l’ombre découpée

D’un arbre qui surveillait

Que le talus se taise

Et le talus ne disait rien

C’était l’aube, et la première… [point d’orgue]

Lueur de la journée

À mon tour je voyais la première

Le talus qui se taisait.

Pour eux il était presque minuit.

Et puis les rires s’écrasèrent

Vulgaires

Sur le talus qui se taisait

Pour eux l’aube est loin.

Nuit noire ?

Seulement les phares…