Bonjour bonjour ! Reprenons les bonnes habitudes, nous voici donc revenus à la poésie mercuriale (oui, c’est le vrai mot). L’invité du jour est légèrement plus vieux que les précédents puisqu’il nous arrive tout droit du XVIe siècle.
Je vous présente Jacques Davy Du Perron et son poème “Et les eaux, et les jours” !
ET LES EAUX, ET LES JOURS
Au bord tristement doux des eaux, je me retire,
Et voy couler ensemble, et les eaux, et mes jours,
Je m’y voit sec et pasle, et si j’ayme toujours
Leur resveuse mollesse où ma peine se mire.
Au plus secret des bois je conte mon martyre,
Je pleure mon martyre en chantant mes amours,
Et si j’ayme les bois, et les bois les plus sours,
Quand j’ay jetté mes cris, me les viennent redire.
Dame dont les beautez me possedent si fort,
Qu’estant absent de vous je n’aime que la mort,
Les eaux en votre absence, et les bois me consolent.
Je voy dedans les eaux, j’entens dedans les bois,
L’image de mon teint, et celle de ma voix,
Toutes peintes de morts qui nagent et qui volent.