Il y a quelque temps, j’ai demandé à Alice Blaskevic, artiste plasticienne, si je pouvais écrire sur ses dessins ; elle a très gentiment accepté, alors voici le résultat !
UNE RENCONTRE
L’incendie a ravagé la plaine.
Dans les champs
Se sont levées
Deux boules de feu
L’incendie a ravagé la plaine.
Elles étaient en avance
La nuit ne l’était pas
Se sont avancées dans les sous-bois
L’incendie a ravagé la plaine.
Et c’est une chance
Que les renards
Se soient endormis
car
L’incendie a ravagé la plaine.
Dans les champs
poudreux et secs
Se sont levées
au premier cri d’angoisse
Deux boules de feu
qui tressautaient dans les branchages
L’incendie a ravagé la plaine.
Elles étaient en avance
mais couraient à s’en ouvrir le crâne
La nuit ne l’était pas
rêvait en chemin
Se sont avancées dans les sous-bois
et les ronces frémissantes
L’incendie a ravagé la plaine.
Et c’est une chance
que le village ait été si tranquille
Que les renards
et les galets de la rivière
Se soient endormis
car
L’incendie a ravagé la plaine.
Dans les champs
poudreux et secs d’un automne oublié
Se sont levées
au premier cri d’angoisse
et lorsque l’eau s’est recueillie
Deux boules de feu
qui tressautaient dans les branchages
et se tranchaient les vertèbres du plat de la main
L’incendie a ravagé la plaine.
Elles étaient en avance
mais couraient à s’en ouvrir le crâne
pour comprendre le désert
La nuit ne l’était pas
rêvait en chemin
pour retarder l’instant sévère
Se sont avancées dans les sous-bois
et les ronces frémissantes
n’attendant rien que la combustion des nuages
L’incendie a ravagé la plaine.
Et c’est une chance
que le village ait été si tranquille
lui le brouillon des boules de feu
Que les renards
et les galets de la rivière
le devoir accompli
Se soient endormis
les dents tachées d’un peu d’ennui
car
L’incendie a ravagé la plaine
et plus un cri.
*
(Et si ce principe de création vous plaît, vous pouvez aller (re)lire ceci…)