Chirurgie florale

Je vous propose aujourd’hui une séance de poésie participative !
Comme toujours, le principe est très simple : écrire en commentaire ce que vous inspire l’image. À noter qu’aucune contrainte formelle n’est à respecter, bien que vous puissiez vous en imposer une.
Ici, j’ai voulu incruster un haïku, en rapport avec le thème floral, ou plutôt un haïku perverti, mais ce n’est en aucun cas une consigne.

D’ailleurs, vous pouvez très bien vous détacher presque totalement de l’image, et écrire sur tout autre chose – l’essentiel est de capter par mots ce que vous ressentez devant cette image.

Ne soyez pas timides : après tout, “La poésie doit être faite par tous et non par un”, comme disaient Lautréamont et mon prof de français.

Allons-y !

(PS : je voudrais créer une chaîne poétique sur cet article et surtout ses commentaires, alors si ce principe/défi d’écriture vous plaît, même si vous n’y participez pas (ET C’EST TRÈS MAL), ce serait sympa de le partager, pour qu’il soit diffusé un peu partout !)

image

Végétaux fanés
Insidieuse eau croupie
Une mort est proche

(Se diffusent les parfums lourds
Quelque chose a eu lieu
qui terrifie la nature)

Instant happé
Avant la grâce terrible
Des lames faisant le vide.

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À vous !

La poésie du mercredi (#38)

Bonjour à tous ! J’ai lancé il y a quelques jours un appel aux conseils poétiques (sur la page Facebook). Et comme vous êtes des gens bien, j’ai eu des suggestions très intéressantes, qui vont donc constituer les Poésies des prochains mercredis ! Merci !

Alors aujourd’hui, sur les conseils de Julia, je vous propose du Baudelaire. Eh oui. Déjà trente-huit poèmes postés et pas un seul de Baudelaire, ça frôle l’hérésie…

Donc, “La Chevelure”, extrait des Fleurs du Mal parues (avec difficulté…) en 1857.

LA CHEVELURE

Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d’autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève !
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
À grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse
Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ; 
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse ! 
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m’enivre ardemment des senteurs confondues
De l’huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?