L’arsenic n’est pas une matière qu’on se procure aisément. Il se vend au prix fort, sous des porches où même le junkie le plus desséché n’oserait s’avancer. Il faut descendre des marches, pousser des portes, cogner des gueules. Séduire est nécessaire. Tuer peut aider. Mentir n’avance à rien mais reste indispensable. C’est à croire que cette substance a valeur de sentiment. Je parvins donc à m’en procurer quelques grammes. Ça ne pesait pas lourd mais quel artifice ! Deux heures plus tard je tutoyais les fourmis et chantais des cantiques en catalan. J’étais debout, mais parfaitement horizontal. Je tournais à la vitesse d’un diamant encore engoncé dans son prisme de carbone. Le temps était une maquette et la seule colle dont je disposais était la morve qui coulait de mon nez sur ma chemise d’apparat. À peine avais-je inhalé l’arsenic que le Proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en caméléon et d’un garçon de classe qui portait une grande oriflamme. Overdose in extremis.
Cela étant dit, qu’est-ce que l’arsenic ?
Encore Claro, et toujours Madman Bovary.