Je vous propose aujourd’hui “L’Étrangère”, un poème d’Aragon extrait du Roman inachevé paru en 1956.
L’ ÉTRANGÈRE
Il existe près des écluses
Un bas quartier de bohémiens
Dont la belle jeunesse s’use
À démêler le tien du mien
En bande on s’y rend en voiture,
Ordinairement au mois d’août,
Ils disent la bonne aventure
Pour des piments et du vin doux
On passe la nuit claire à boire
On danse en frappant dans ses mains,
On n’a pas le temps de le croire
Il fait grand jour et c’est demain.
On revient d’une seule traite,
Gais, sans un sou, vaguement gris,
Avec des fleurs plein les charrettes
Son destin dans la paume écrit.
J’ai pris la main d’une éphémère
Qui m’a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d’outremer
Elle en montrait la déraison
Elle avait la marche légère
Et de longues jambes de faon,
J’aimais déjà les étrangères
Quand j’étais un petit enfant !
Celle-ci parla vite
De l’odeur des magnolias
Sa robe tomba tout de suite
Quand ma hâte la délia.
En ce temps-là, j’étais crédule
Un mot m’était promission,
Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion
À chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit,
Et la plus banale romance
M’est éternelle poésie
Nous avions joué de notre âme
Un long jour, une courte nuit,
Puis au matin : “Bonsoir madame”
L’amour s’achève avec la pluie.
J’aime l’éclectisme de tes choix poétiques et j’aime particulièrement Aragon pour les quelques vers que tu trouveras ici
Bon mercredi
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Ils sont magnifiques ! Et je ne connaissais pas Marguerite Porete, merci beaucoup.
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Le plaisir est pour moi aussi de te faire découvrir ce personnage extraordinaire.
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A démêler le tien du mien…. c’est très beau terrain ce poème qui invite à sublimer chaque rencontre
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Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion
je ne connaissait pas ce poème et très peu Aragon (et oui, je suis un peu inculte côté poésie mais je me soigne) mais ces deux vers sonnent familiers à mes oreilles, sans doute dans une chanson?
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C’est drôle que vous disiez ça : c’est exactement ce que j’ai pensé en le lisant pour la première fois !
Je ne sais pas si ces vers ont été mis en musique comme c’est souvent le cas avex Aragon, mais on reconnaît son style justement par cette évidence de son écriture…
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Chanson chantée par Yves Montant “l’etrangere “, je viensde le retrouver sur gg et sur ytub
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Il faut trier le bon grain de l’ivraie dans les poèmes d’Aragon, mais quand ils ont ce grain d’ivresse, ils sont à savourer.
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Merci pour ce partage. Ce texte a été magnifiquement chanté par Léo Ferré et par Yves Montand. Aragon qui était un stalinien pur et dur était aussi un magnifique poète.
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Mais oui, beau et simple comme une chanson. Et pour cause! je n’ai pas pu relire ce poème sans entendre en arrière-fond la musique (style “tzigane” endiablé) et la voix de Montand : “en ce temps-là j’étais créduuuuuuuuuuuuuuuuuuuule , un mot m’était promi-sssi-on,, et je prenais les campanûûles pour les fleurs de la passion”… mais cela ne parasite pas trop car l’ensemble, même l’arrangement, a fort bien vieilli et le tout est follement sympathique. Et puis une chanson qui contient le délicieux vers “j’aimais déjà les étrangères quand j’étais un petit enfant” (qui rime avec les “jambes de faon” : érotisme teinté d’innocence, ou l’inverse…) ne peut être que réussie!
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Du bonbon pour un interprète que ce poème d’Aragon… on comprend que Montand l’ait chanté… et Ferré avant lui, après l’avoir mis en musique…
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J’ai tout compris du poème d’Aragon. Du moins, je pense..
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Joli Aragon, à finir avec la pluie.
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