Les éclats des sources en marche

Les dernières vagues de la rivière quittent le domaine
Se noient sans doute quelque part
Dans la brume de quatre heures trente-sept du matin
heure à laquelle même la poésie dort encore
heure d’avant la beauté ou la médiocrité intéressante.
Les reflets noirs et liquides passent pressés
En face sur l’autre rive est fixe une figure
Ongles sanglants pitoyables et ferreux
L’intuition est un serpent ;
L’autre souffle à travers ses doigts perméables car troués
la bruyère piétinée hurle de lassitude
Elle lance une balle d’or qui coule sans remous
Je cueille un nénuphar
Se désintéresse de moi
Traits secs et habits amples
Moi dit-elle je ne pleure pas
depuis longtemps se sont desséchés les peupliers
et rabougris ceux qui m’imprégnaient d’émotions
toi tu as un manteau de laine
regarde-le
tu peux pénétrer l’enceinte de la colline
tu as eu ton cloître enclos dans le vacarme
même d’elle tu te lasseras
puisque dès aujourd’hui tu es là
Les tubes des âmes sont ennuyeux à l’aube
Les couleurs s’affadissent pour les yeux perçants
Métal et encre font bon ménage.

Je lui dis Vous me condamnez
votre envie part en fumée
moins loin que l’eau froide
je vois vos pensées se disperser par la lucarne

Elle rit sèchement Tu sais je suis
Plus vieille que toutes les lucarnes
Et l’art n’est qu’une invention qui sert à passer le temps entre deux sommeils.

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