Je vous propose aujourd’hui un poème intitulé “Glas”, œuvre d’un poète maudit oublié et franc-comtois : Léon Deubel (1879-1913).
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GLAS
Les temps sont accomplis : semons les roses noires.
Menons partout le deuil de l’augural trépas ;
Sur les marches du rêve il n’est de plus beaux pas
Et l’Homme est sans grandeur dans l’univers sans gloire.
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Les longs cris se sont tus qui traversaient l’Histoire,
Impuissant à grandir nos gestes ici-bas,
L’Art déserte sa cause et les vastes combats
Et retombe à la fange où les pourceaux vont boire.
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Loin d’un monde où plus rien ne brûle que de vil,
Le Génie a gravi de lumineux exils ;
À l’Horizon des fronts l’Idéal agonise
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Comme un soleil se couche en des lagunes d’ors,
Et la nuit, jusqu’au ciel, élève son église
Où le silence est dit pour le repos des morts.
Gla, gla, gla, gla… C’est glas cial!
Mais le dernier vers est du feu de Dieu! Merci!
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J’aime beaucoup. Merci !
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“Les temps sont accomplis: semons les roses noires”. J’apprécie beaucoup cette phrase… Lugubre certes mais belle !
Je n’arrive toujours pas à croire qu’il ait brûlé tous ses manuscrits avant de se suicider…
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Étrange et glacial, effectivement. Observateur
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Je n’avais jamais entendu parler de ce poète “maudit”; qui vaut pourtant le détour de toute évidence! “l’homme sans grandeur dans un univers sans gloire” (pied de nez à Pascal?) conduit à désespérer de l’histoire en général et de l’art en particulier, c’est nihiliste en diable! Mais en effet premier vers sublime, lumineux et noir; et très belle dernière strophe.
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