La poésie du mercredi (#34)

Je vous propose aujourd’hui un poème intitulé “Glas”, œuvre d’un poète maudit oublié et franc-comtois : Léon Deubel (1879-1913).
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GLAS
Les temps sont accomplis : semons les roses noires.
Menons partout le deuil de l’augural trépas ;
Sur les marches du rêve il n’est de plus beaux pas
Et l’Homme est sans grandeur dans l’univers sans gloire.
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Les longs cris se sont tus qui traversaient l’Histoire,
Impuissant à grandir nos gestes ici-bas,
L’Art déserte sa cause et les vastes combats
Et retombe à la fange où les pourceaux vont boire.
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Loin d’un monde où plus rien ne brûle que de vil,
Le Génie a gravi de lumineux exils ;
À l’Horizon des fronts l’Idéal agonise
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Comme un soleil se couche en des lagunes d’ors,
Et la nuit, jusqu’au ciel, élève son église
Où le silence est dit pour le repos des morts.

6 thoughts on “La poésie du mercredi (#34)

  1. “Les temps sont accomplis: semons les roses noires”. J’apprécie beaucoup cette phrase… Lugubre certes mais belle !
    Je n’arrive toujours pas à croire qu’il ait brûlé tous ses manuscrits avant de se suicider…

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  2. Je n’avais jamais entendu parler de ce poète “maudit”; qui vaut pourtant le détour de toute évidence! “l’homme sans grandeur dans un univers sans gloire” (pied de nez à Pascal?) conduit à désespérer de l’histoire en général et de l’art en particulier, c’est nihiliste en diable! Mais en effet premier vers sublime, lumineux et noir; et très belle dernière strophe.

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